jeudi 25 septembre 2014

S2 EP 3 : De Kingston aux ghettos de New York


Premier épisode de la « session Jamaïque » de Black Mirror. Parce que si le Hip-hop est le fruit d’une longue histoire musicale et sociale aux États-Unis, il plante également ses racines dans cette petite île voisine marquée au fer rouge, elle-aussi, par l’esclavage.
Dès les années 1950 fleurissent dans sa capitale, Kingston, des dizaines de « sound-systems », ces bals populaires de quartier autour d’une platine disque et d’enceintes monstrueuses : des « block parties » avant l’heure, au son du R’N’B américain puis de ses multiples adaptations à la sauce jamaïcaine. Pivot du sound, le « selector », celui qui trouve les disques, cherche les exclus, protège jalousement leur provenance quitte à effacer l’étiquette du vinyle. A ses côtés, le « Dee Jay ». Il dirige la danse, chauffe la foule, glorifie son équipe, ridiculise les sound-systems adverses… Petit à petit les techniques vocales se perfectionnent, et des versions instrumentales sont gravées spécialement pour lui, histoire de lui laisser la place de développer son style, de raconter des histoires, de prendre position pour le ghetto. Le rap était né, loin du Bronx. De nombreuses innovations des studios jamaïcains, fruits de géniaux bricoleurs, finiront par infuser toute la musique électronique et le rap en particulier : les faces B, le dub, la basse comme élément central, le remix…

Celui qui allait devenir Kool Herc a grandi à Trenchtown, une des nombreuses zones sinistrées de Kingston, qui a vu naître entre autres Bob Marley. Petit, il percevait les vibrations des sound-systems, vite devenus une institution dans les quartiers les plus pauvres et dangereux de l’île. Quand ses parents émigrent à New York, espérant trouver comme beaucoup une vie meilleure sur ces trottoirs enneigés, il va ramener avec lui cet art de passer des disques au coin de la rue pour faire danser ses frères et sœurs. Le « Selector » s’appellera DJ (Disc-jockey, celui qui chevauche le disque), le Dee Jay se nommera MC (Master of Ceremony, celui qui dirige l’office).
Ce sont donc tous les éléments incontournables de la révolution rap qui portent en eux la Jamaïque. Une bonne raison d’aller y voir de plus près.

Comme aux USA, la musique jamaïcaine est une musique du ghetto, une musique de descendants d’esclaves qui se battent pour retrouver leur dignité bafouée par des centaines d’années de torture et de ségrégation.


L'émission : BCK MIR S2 EP3